
* Данный текст распознан в автоматическом режиме, поэтому может содержать ошибки
173 La comtesse ANNE ALEXEEWNA ORLOFF - TCHESMENSKY, 1785—1848. fille unique du comte Alexis Grigoriewitch Orloff-Tchesmensky et d’Eudoxie Nikolaewna Lopoukhine, naquit le 2 mai 1785. „Malheureusement“, ecrivait Catherine II, „c’est une fille qu’a Orloff: je ne le trouve guere capable d’elever des filles, et aussi je lui souhaitais un fils, auquel il aurait pu servir d’exemple“. Mais Catherine se trompait: l’enfant, qui perdit sa mere le 20 aout 1786, fut l’objet de toute la sollicitude et de tous les soins de son pere, et devint le but de; sa vie: sa maniere d’agir, en depit d’apparences un peu rudes, temoigne d’une tendresse sans egale pour sa fille cherie, qui le payait de retour. Demoiselle d’honneur a l’age de huit ans a peine, elle fut. au printemps de 1796, presentee a l’imperatrice, qui „lui passa la main sous le menton, lui fit des compliments et l’embrassa“ en disant: „Cette petite promet beaucoup de bon“. L’avenement de Paul Ier obligea Orloff a partir pour l’etranger avec sa fille. Elle tenait un petit „Journal“ de voyage tout simple, ou on lit: „Passe la nuit dans une auberge“.. „Mange de la soupe de paysans dans la meme vaisselle qu’eux“, „Trouve la femme passablement ivre“, et lui ecrivait a ses amis: „Ma Ninouchka devient grande et forte! Il y a des gens qui ont peur qu’elle ne fasse qu’une imbecile: bien oblige! Moi, je la trouve une imbecile telle qu’elle est. Et puis, je les aime, les imbeciles; comme dit le proverbe, les loups ne se mangent pas entre eux“.... A propos de la mort de Paul, il ecrit: „J’ai un grand poids de moins sur le c?ur: j’ai toujours eu peur pour ma fille que le defunt Empereur ne l’obligeat a se marier contre son gre; maintenant, je suis tout a fait delivre de cette idee qui me rongeait“, Mais ni alors ni dans la suite la comtesse Orloff ne se maria. Elle eut de nombreux pretendants de distinction, mais elle-meme n’eprouva d’inclination que pour le comte N. Kamensky, qui, lui non plus, ne fut pas agree. Son entourage, surtout son frere naturel Tches-mensky, homme d’un niveau moral peu eleve, lui avait insinue qu’elle etait laide et que ses pretendants n’etaient attires que par sa colossale fortune.., En meme temps qu’elle avait recu de sa mere un bon c?ur et une ame d’une purete cristalline, elle tenait de son pere, avec la force physique, son caractere soupconneux et defiant. Grande, excellente amazone, elle etait d’une force et d’une adresse merveilleuses. D’une maniere generale, „Ninouchka avait toutes les sympathies, elle gagnait les c?urs par son charme et par l’affabilite qu’elle temoignait egalement a tous; toute sa personne avait quelque chose d’enchanteur“- En 1807, le 24 decembre, elle perdit son pere tendrement aime, son unique ami. Son oncle le comte Y. Orloff lui proposa de venir vivre chez lui, mais, a son grand etonnement et a son grand regret, elle refusa: „Cet etre doux et sensible, qui avait ete jusque-la toute obeissance, libre maintenant de ses impressions et entoure dej'a de personnages influents, fit preuve d’une force de volonte inattendue“. Les personnages influents en question, c’etaient ses confesseurs; desabusee de l’homme et du monde, elle allait aux saints lieux, et cherchait une consolation dans la religion, et en particulier chez les moines. Apres le bon vieux Amphiloque, son confesseur devint le celebre archimandrite Photius. Malin et astucieux, d’un fanatisme etroit et d’un ascetisme rigide, il sut bientot faire prendre a sa volonte de fer l’ascendant sur la faible volonte de la comtesse. Avec son caractere altier et dedaigneux des formes de la vie mondaine, avec ses chaines, son cilice et ses plaies suppurantes, il paraissait detache des biens de la terre, et la comtesse etait convaincue que les largesses qu’elle faisait aux monasteres, elle les faisait, non par la volonte d’un homme, mais pour Dieu lui-meme. De toutes les passions terrestres, l’austere archimandrite ne recelait au fond de son ame qu’une ambition effrenee, qui le retenait justement de laisser rompre avec la societe ,,sa fille Anne“, dont les relations et l’influence a la Cour lui servaient: pour elle, c’etait „de l’obeissance“ claustrale. A la Cour, la comtesse Orloff etait en faveur: demoiselle de la chambre en 1817. dame de Ste-Catherine au couronnement de Nicolas Ier. elle accompagna en 1828 l’imperatrice dans son voyage en Russie et a l’etranger. Elle quitta Petersbourg et son Neskoutchnoie, a Moscou, pour se retirer pres du monastere Yourieff, et consacrer tout son temps au jeune et a la priere. Opposee au servage, elle convertit une partie de ses paysans en agriculteurs libres, et ceda le reste a l’administration des Domaines. La comtesse Orloff mourut subitement le 5 octobre 1848, dix ans apres Photius. Sa depouille repose au monastere Yourieff, pres de celle de l’archimandrite. ( D’apres un original des Archives du ministere des Affaires etrangeres, Moscou. )