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169 La comtesse SOPHIE STANISLAVOWNA KISSELEFF. 1801 —18.., fille du comte Stanislas Potocki, general en chef, et de sa seconde femme, la belle grecque Sophie, comtesse Witt, fit en 1818 son entree dans le monde petersbourgeois. „Sophie est belle comme Minerve a l’heure de la concupiscence“, ecrivait le prince Viazemsky a Tourgueneff. „Tout en elle est d’un autre monde, sauf le regard, embrase de l’etincelle des desirs terrestres. Heureux celui qui attisera cette etincelle, ou couve le feu de la poesie“ La „Minerve concupiscente“ du prince Viazemsky epousa en 1821 P. Kisseleff. chef d’etat-major de la 2e armee. Il leur naquit l’annee suivante un fils Vladimir, qui ne vecut que deux ans, mais leur bonheur conjugal ne fut pas de longue duree: s’il faut en croire Wiegel, le premier coup y fut porte par la s?ur de la jeune femme, Olga, qui aurait tourne la tete au mari. Il est cependant probable que la rupture etait plutot due a la conduite legere de Sophie, ainsi qu’a ses sympathies polonaises, bien propres a revolter les sentiments patriotiques de Kisseleff, „qui n’etait pas homme a avoir dans son interieur des discussions politiques“. Tout au debut de la mesintelligence, il ecrivait a sa femme, a la fin de 1829: „Ta conduite presente et passee m’impose le devoir d’etre prudent et de ne pas me laisser donner le change par de la noblesse de sentiments et da principes: tout cela m’a inspire jadis une confiance et un attachement que je deplore jusqu’a present“. Plus tard, en 1833, il lui ecrit encore: „Rappelle-toi nos adieux de Kichineff“ (en 1828): „je pleurais alors sur notre separation, le c?ur brise en te quittant, et pressentant la fin de ma vie intime, de ma vie privee, dont je faisais le sacrifice a mes obligations d’homme public“. Elle, de son cote, fit pourtant plusieurs tentatives de reconciliation „Son c?ur bon, ardent et genereux“ etait navre de la separation; elle appreciait la „susceptibilite“ de son mari, et, se reconnaissant coupable envers lui, expliquait de bonne foi ses dispositions politiques par sa qualite de „polonaise“. Elle partit pour l’etranger sans divorce formel, apres que son mari lui eut arrange ses affaires de maniere a ce qu’elle „ne put se ruiner, meme expres“. Elle choisit comme principale residence Paris, ou elle mena la vie gaie et large; s’interessant aux causes retentissantes, elle passait „des journees entieres au Palais de Justice“. Elle ne venait en Russie qu’a de rares intervalles, pour affaires d’argent, et alors elle voyait son mari. En 1846, elle fit le voyage a l’occasion de la conversion a l’orthodoxie de son frere le comte Metchislas Potocki, qu’elle tenta de ramener au catholicisme. Son role dans celte histoire la compromit aux yeux du gouvernement, et l’affaire ne s’arrangea que grace a l’influence de Kisseleff. Il y eut alors comme une reconciliation dans le menage, et la comtesse, venue a Petersbourg, habita chez son mari, allant beaucoup dans le monde et meme aux bals de la Cour. Lui ecrivait avec bonheur au comte M. Worontzoff: „Enfin la bourrasque est finie, et les choses se sont arrangees convenablement. Il y a dans tout cela une confusion d’idees qui tiennent du pretre catholique et du Journal des Debats. La Russie est autrement faite et impose d’autres principes d’actions. Je crois qu’en ce moment Mme Sophie en a acquis la certitude et s’y conforme. Rien de tout cela ne serait arrive si elle m’avait ecoute et qu’elle ne vint pas en Russie pour convertir son frere et le replacer dans le giron de l’eglise, apres l’avoir fait rentrer dans ses domaines de Toultchine“. Mais la reconciliation ne dura pas longtemps. En donnant sa demission d’ambassadeur a Paris, Kisseleff indiquait a l’Empereur que „sa situation de famille vis-'a-vis de sa femme etait incompatible avec la dignite d’ambassadeur“. Il ecrivait aussi a son frere: „Une difficulte des plus delicates pour moi, c’est la presence de Sophie a Paris; avec son caraclere arrogant et parfois audacieux, je redoute des ennuis qui, en raison de ma situation officielle, peuvent etre plus que desagreables. Apres vingt-cinq ans de separation, un rapprochement entre nous est impossible, el je n’en veux absolument pas“. Olga Narychkine fut chargee de dire a sa s?ur que, si elle ne se conformait pas au desir de son mari, „il laisserait le gouvernement faire ce dont il avait deja ete question, lui refuser un passeport pour Paris“. Une des conditions etait qu’il n’y eut d’entrevues entre le mari et la femme ,,que le plus rarement possible, et seulement chez des tiers“. Mais la comtesse etait le plus souvent a Nice, Monte-Carlo, Hombourg et autres villegiatures ou flo-rissait la roulette: elle s’etait prise sur ses vieux jours de la passion du jeu, et restait jour et nuit installee au tapis vert. Elle mourut du vivant de son mari. (D’apres un original de Hayter, 1831, appartenant a la comtesse E. Chouvaloff. St-Petersbourg.)